Vente aux enchères Artcurial – Emmaüs /// Villette Street Festival
Retour sur la vente aux enchères Artcurial au profit d’Emmaüs, Fondation Abbé Pierre, qui s’est déroulée le 20 mai dernier à la Halle de la Villette à l’occasion du Villette Street Festival (4 au 17 mai 2015).
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Une explosion de styles, du figuratif à l’abstraction en passant par l’écriture, les œuvres réunies vous entraînaient dans une succession d’univers différents. Des thématiques allant d’une prise de position politique à l’expression personnelle de l’artiste, il y avait tant à voir qu’il fallait y retourner pour tout voir, tant on en a jamais fait le tour.
Du constructivisme comme engagement social artistique
Ces ventes caritatives ont l’art et la manière d’amener du sens à l’art, de lui donner sa véritable vocation d’acteur engagé dans l’espace sociétal. Si les médias sont le quatrième pouvoir, l’art sous toutes ses formes est l’impulsion iconographique qui façonne le monde au-delà du champs politique. Ce n’est pas pour rien que de tout temps il a tenu une place phare dans les propagandes, quelles soient totalitaires, eugénistes, capitalistes, fascistes… L’art est l’outil des politiques servant leurs constructions. Son réel espace est la transcription des idées, l’art visuel doit apporter conscience, conceptualisation, émerveillement, utopie, et non une surface vide au service des propagandes gouvernementales qui pensent avant tout en terme d’échanges économiques, au détriment des populations.
L’idée de ventes caritatives propose des espaces de conceptualisation autour des valeurs énoncées, dont nous avons besoin pour défendre notre besoin de connaissance, de beau et de vrai. Ces structures associatives existent pour défendre nos droits collectifs.
L’affirmation plastique d’une critique sociétale
Vous vous prendrez au détour d’un Psy 156 à vous confronter aux réalités sociales, sur une surface qu’il a voulu mimétique à son mur d’atelier. Un mur d’atelier d’artiste aux inscriptions évoquant les prises de positions des murs de 68. Psy y a incrusté son personnage qui est une représentation fluidifiée d’une écriture pour décrire une structure figurative. Comme si une partie de notre constitution était le verbe. Psy exprimait ici un espace de création ancré dans les réalités du monde, dans ses dimensions clairement contestataires, comme ses visions idéologiques.
La surface au rouleau de peinture d’écolier de Xare fesait écho au mur de Psy, la surface de la toile prenant la parole dans la conscience du monde et de ses injustices. Un espace alliant peinture et engagement social.
Le figuratif chez Brusk proposait une décomposition de la lumière cloisonnée de fin cernes noirs et formant de grandes coulures, comme si les combats de l’Abbé Pierre se décomposaient eux-même dans un environnement où le social doit chaque jour lutter pour conserver ses acquis.
Jonone proposait le nombre massif pour faire valoir les idéologies auprès des instances politiques.
On a apprécié la présence de peintresses comme Indie, Mad C, Lisa… aux styles très colorés, qui ont parfaitement maîtrisé le format carré proposé. Et on aimerait une parité dans les ventes consacrées à l’art.
On a pris plaisir à retrouver des figures incontournables des diverses formes du graffiti tel que Marko, Da Cruz, Shuck Two, Wire, Phyrzé, Khan, Zepha, Astro…
Rédaction : Lady. K
photos : © Pascal clark
Pour les heureux acquéreurs des espaces où les artistes se sont profondément engagés, liant leur facture aux luttes associatives, c’est un véritable morceau du monde qui orneront leur mur.