Aux Tableaux ! Atelier Juxtapoz, Marseille
Alors que l’Atelier Juxtapoz prépare activement sa prochaine « Cité d’Artistes », c’est l’occasion de revenir sur la Résidence Exposition éphémère « Aux Tableaux ! » qui s’est tenue à Marseille en 2015 à l’initiative de l’association, aidée du Collectif 9ème Concept. Un évènement qui a indéniablement marqué l’histoire culturelle de la ville, dans le domaine de l’art urbain.
Prenez une école désaffectée en plein centre de Marseille avec ses 4500m² de bâti, une association dynamique et inventive et 40 artistes en résidence, le temps de réaliser leurs œuvres… et vous avez « Aux Tableaux », cette monumentale exposition d’œuvres éphémères qui a drainé 43 000 visiteurs en 4 mois d’ouverture (juin/oct 2015). Un beau succès qu’elle doit surtout au bouche à oreille.
C’est dans l’Ecole Saint Thomas d’Aquin, propriété des Sœurs Dominicaines fermée en 2012 avant transformation immobilière, que s’est déroulé cet évènement ; un bâtiment peu banal, construit par Pierre Puget comme maison de campagne vers 1680, avant de devenir un pensionnat de jeunes filles au milieu du 19 ème siècle et enfin une école catholique jusqu’à sa fermeture et son classement aux monuments historiques.
Un cadre extraordinaire, un lieu magique, véritable écrin et havre de paix en plein centre de Marseille… avec une âme préservée du temps, que les effets des derniers élèves et autres mobiliers scolaires laissés sur place rendaient encore plus forte.
A chaque artiste ensuite, sous la coordination d’Alexandre d’Alessio, de se fondre dans une scénographie épousant le parcours scolaire au gré du cheminement du spectateur dans les trois bâtiments, dédiés aux différents niveaux de la scolarité classique (maternelle/primaire/lycée). Chacun des quarante artistes avec sa vision personnelle de l’école, son vécu et ses souvenirs personnels. Chacun dans une salle de classe, un escalier ou un couloir, utilisant tout l’espace du sol au plafond -un volume plutôt que des murs- et recyclant au gré de son imagination tous les accessoires, livres et objets trouvés dans les lieux.
Et dans ces 2500 m² d’exposition c’est une vraie réflexion sur l’école qui surgit de ce mix créatif, portée par autant d’intervenants que de ressentis individuels. Tantôt l’artiste se fait le maître, tantôt il redevient l’enfant dans son terrain de jeu. Pour l’un, l’ambiance d’une école sans enfants est étrange, pour l’autre, ceux-ci sont encore présents dans les lieux, dans les arbres de la cour… Pour tous les intervenants le parcours prend du sens par le dialogue et l’échange entre eux.
Nombreux sont les artistes qui sont venus avec une expérience traumatisante de l’école qu’ils ont connue. Mais ici, même les (demi) cancres – ou ceux qui se voient ainsi ! – ont trouvé une grande cour de récré pour adultes créatifs.
Tout au long du parcours on perçoit bien leur envie de transgresser, de briser le cadre trop lisse des bancs d’école, et d’exprimer par le pinceau, le rouleau, la bombe, le crayon ou le collage, tout ce que l’institution ne les a jamais autorisés à dire. Une revanche sur leur enfance volée, pour exorciser de la plus belle des manières ces mauvais souvenirs d’une école triste et morne.
Et tout çà pour notre plus grand plaisir ! Car la magie du lieu a opéré à fond. En immersion totale, le spectateur n’a pas eu beaucoup de mal à renouer lui aussi avec ses souvenirs personnels et des émotions intimes qui lui remontaient inévitablement de son enfance. Du grand art !
Texte & photos : Alain
Plus sur l’Atelier Juxtapoz www.facebook.com/asso.juxtapoz
et sur l’exposition www.aux-tableaux.com
Livre et film (inclus) toujours disponibles, à commander sur le site
Le teaser du film ICI
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