Vraies découvertes et belles promesses au 1er étage de Dédale, Vannes

Par Alain , 31 mai 2021

Aux côtés des « pointures » qui se sont succédé au 1^er étage de DéDalE, d’autres artistes, souvent peu connus, jeunes ou carrément néophytes ont su apporter leur fraîcheur, leur talent naissant et leur originalité. Ils ont grandement justifié la confiance que Dédale avait placé en eux … et même plus !

Un petit pot-pourri pour clore la présentation de cette partie du bâtiment ouverte au public en juin 2019 et encore visible pour la plupart de ces œuvres originales.

 

 

Esor /// « Mise au point »

 

À tout juste 22 ans, Esor manie parfaitement l’art de la patience et de la rigueur. Ado, il commence par le graffiti dans les rues de Gap où il a grandi. Puis il débarque à Nantes il y a deux ans pour y mener sa carrière artistique. Il entreprend une formation pour devenir tatoueur. Un art à part entière qui nécessite précision et exactitude. C’est de là que vient sa passion pour le pointillisme. Aujourd’hui, Esor construit sa vie artistique et propose la réalisation d’œuvres authentiques, uniques et sur-mesure auprès des particuliers et des professionnels, ainsi que des œuvres sur toiles.

Dans DéDalE, il réalise une pièce à part dont la douceur et la sérénité pourraient en étonner certains. Une pièce qui apaise. Esor aura passé plus de quatre mois à réaliser cette œuvre, à raison de plusieurs jours par semaine. Si son blaze vient de la « Rose » à l’envers – « la beauté à l’état le plus pur », dit l’artiste – Esor a mis toute sa sensibilité dans ces murs. Des pivoines, des roses, des tiges en feuilles et des oiseaux aux becs issus des bandes dessinées pour trancher avec la douceur des éléments. Du noir et blanc pour la mise en scène et une guirlande de lumière pour apprécier encore plus l’immersion. Esor a réalisé intégralement cette œuvre au posca, à partir d’une esquisse. L’oiseau sur la branche lui a demandé pas moins de 8 heures de travail. L’artiste a voulu volontairement offrir un moment de respiration et d’apaisement aux visiteurs, espérant les toucher en plein cœur. Pari réussi ?

 

Lycée des métiers d’arts Duguesclin – Brec’h

 

Cette partie du couloir a pris des allures de musée. Cette réalisation, on la doit à la classe de 2ème année de CAP « Signalétique et décors graphiques » (15 élèves) du Lycée des métiers d’arts Duguesclin à Brec’h (56), sur l’initiative de leur enseignant Fabrice Lavergne. Sur le thème du détournement, les élèves ont choisi une œuvre connue qu’ils avaient pour mission de détourner et traiter avec la technique du pochoir. Les réalisations ont été effectuées au feutre en noir et blanc sur papier. Elles ont été ensuite numérisées, vectorisées, puis découpées, dans des plaques cartonnées, au laser. Des bandes de vinyle ont été imprimées et découpées afin d’encadrer les productions pour signifier les contours de l’œuvre, comme dans un vrai musée. Les pochoirs ont été bombés dans leurs espaces respectifs puis encadrés de vinyles. Une reproduction de l’œuvre originale accompagne chaque production pour s’y retrouver.

Ce projet a mis en œuvre des compétences techniques, propres à la formation, tout en faisant appel à la créativité et à la connaissance des arts des élèves. La technique du pochoir est très souvent utilisée dans les productions de street art pour sa rapidité d’exécution. Dans l’esprit des productions de Banksy, iHeart ou Miss Tic, DéDalE a désormais ses œuvres détournées !

 

Zis is Art /// « Technology On-Off »

 

Kevin est agent immobilier. Il s’est redécouvert tardivement une passion et un talent artistique. Alors il a choisi de faire un break pour le vivre à fond, de créer en pleine conscience loin de la vie terre à terre en agence, avant de retourner de nouveau au monde de l’immobilier. Il aime le figuratif, les portraits féminins mais ici, ce qu’il propose c’est une installation monumentale qui occupe toute la pièce. Lecteurs DVD démontés, ordinateurs éviscérés, clavier coupé en deux… L’endroit semble poser la question de l’emprise technologique sur nos vies. « Sommes-nous prisonniers des machines ? » demande l’artiste.

Construite comme un circuit intégré gigantesque et labyrinthique, la pièce de Kevin utilise du vieil électronique et lui redonne vie. Une vie artistique, parfois dévorée par le plâtre, ce côté organique qui reprend le dessus. Un vieil autoradio diffuse de la musique, un ventilateur met en lumière la pièce, et ces toiles métalliques, véritables paraboles du dieu internet, prennent corps sur les murs. Il aura fallu près de 80 heures à l’artiste pour créer cette pièce qui lui permet d’utiliser différentes techniques : à la fois la peinture, la sculpture, le recyclage, le travail du bois, du placo et de l’électricité.

 

IFAT – Plescop /// « Brume ouatée »

 

Sur un nuage de coton
Délicate immersion
Un cocon d’émerveillement
Sensation d’enveloppement
Un soupir de beauté
Douceur immaculée

C’est le poème réalisé par les étudiants de l’IFAT, à l’origine du projet de cette pièce dans DéDalE. 20 étudiants de 3ème année de l’IFAT, Ecole d’architecture intérieure supérieure de Bretagne, installée à Plescop (56), ont participé à la réalisation de cette pièce. Un cocon léger, comme en suspension aux portes du paradis. Cette pièce est la concrétisation d’un concours organisé au sein de l’école auprès des étudiants. 20 projets ont été préparés, 7 sélectionnés. Ensuite ils ont travaillé par trois pour aller un peu plus loin dans le concept.

Un projet a été choisi au final pour être réalisé dans le cœur de DéDalE. Johan Rocheteau, professeur de volume à l’IFAT, a accompagné les 3 e année à la réalisation de cette pièce, qui est en réalité la réunion de trois pièces dans le bâtiment. Plancher technique, garde corps, mur du fond pour faire disparaître les fenêtres, passerelle en bois… Johan Rocheteau a pris en main la réalisation de ce gros œuvre pendant que les étudiants ont planché sur la conception, la recherche graphique, le dessin et la 3D de la pièce. En utilisant papier et tiges de fer pour former ces fleurs cotonneuses et brumeuses, les étudiants ont souhaité susciter chez le visiteur un sentiment d’enchantement dans lequel volupté rime avec étonnement.

La classe de 3ème année de l’IFAT : Capucine, Herenui, Julie, Valentin, Lorianne, Laura, Juliette, Jules, Ombeline, Ael, Kloé, Laura, Vanessa, Justine, Jérémy, Manon, Gwladys, Caroline, Léa, Emilie.

 

Kegrea /// « Forgotten People »
 

Peintre autodidacte, Kegrea a baigné depuis l’enfance dans une famille d’artistes, illustrateurs et peintres à leurs tours. Après 10 ans de bombes dans la rue, de fresques murales sur des façades, Kegrea se rapproche du travail en atelier en choisissant pour outil fétiche le pinceau. Il choisit le travail sur toile et oriente ses recherches autour de la mémoire. « Je construis un projet autour du souvenir, de la trace que l’on peut laisser de notre passage. C’est le fil rouge d’un travail d’une année qui a abouti à la réalisation d’un livre, Forgotten People », indique l’artiste. Kegrea pénètre dans des maisons abandonnées dans l’Ouest de la France, et y découvre des photos. Il les reproduit en peinture sur les murs de la maison, pour leur donner une nouvelle vie. Puis, il exporte ces mémoires et ces souvenirs perdus, les travaille sur toile et expose à Bordeaux ou à Los Angeles.

Ici, dans DéDalE, Kegrea a poursuivi l’installation avec des objets dénichés à Emmaüs afin de reproduire l’identité de ces vieilles maisons abandonnées. Cette famille, originaire de Cognac, vit une nouvelle fois à travers le regard du visiteur. Kegrea y expose des photos de vacances, de repas de famille, des scènes de vie capturées dans les années 60 ou 70. « Cette archéologie contemporaine nous renvoie à notre propre histoire, à la trace que nous allons laisser dans ce monde », indique Kegrea, invitant à réfléchir sur nos existences. Dans certaines photos, on peut ainsi retrouver des éléments de décor qui se reproduisent sur les tableaux. Kegrea joue avec les détails, proposant une pièce à l’encontre de toutes celles qui se trouvent dans DéDalE. Une pièce qui marque les esprits et qui nous plonge dans des souvenirs oubliés, des mémoires de familles perdues et retrouvées.

 

Toutes les photos avec la légende streetartavenue sont mises à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution 3.0 non transposé.

 

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