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S’il est des graffeurs dont le style est reconnaissable entre tous, Nychos est de ceux-là.
Artiste singulier et tourmenté, Nychos a grandi à la campagne, auprès d’un père et d’un grand-père tous deux chasseurs dans la plus pure tradition autrichienne. Serait-ce de là qu’est née sa passion pour les viscères et l’anatomie ? Probablement. Il faut dire qu’il n’a jamais eu peur des gibiers et des prédateurs sauvages. Il raconte même que « voir un cerf disséqué pour la première fois, lorsqu’il avait 3 ou 4 ans, l’a inspiré ». « J’ai grandi dans le Sud de l’Autriche, et pour nous tenir chaud l’hiver, il nous fallait tuer le gibier et désosser sa carcasse », raconte-t-il. Pour lui, il s’agit là d’une forme de beauté qui le fascine totalement. « Voir le foie et tout ces intestins dehors, c’est un peu fou d’abord », reconnaît-il pourtant.
Enfant et adolescent torturé, Nychos a le cerveau en ébullition. Ses rêves puissants et ses hallucinations l’inquiètent et le rendent même fou. A tel point qu’il se croît épileptique. Pourtant, après des mois de tests sur son cerveau suite à un accident, tout semble normal.
Une nuit dans un songe, comme tiré d’Alice aux Pays des Merveilles, un lapin blanc vient lui montrer la voie. L’animal fétiche du roman « Watership Down » de Richard Adams devient son moteur, son icône. Il le tatoue sur les murs et même sur son corps. Dès lors, Nychos exorcise ses démons par le dessin.
Dès les années 2000, il commence à répandre son art et sa vision des corps sur les murs du monde. La viande y est fraîche et crue. Les corps désossés, disséqués, comme passés aux rayons X ou entre les scalpels des experts. Son lapin fétiche s’entiche d’os façon tête de mort et devient sa marque de fabrique. C’est également l’icône du mouvement Rabbit Eye qu’il crée en 2005 et qui donne lieu à une galerie au coeur de Vienne qui fédère des artistes internationaux. En 2011, il fonde le collectif The Weird avec dix autres artistes urbains, chacun illustrateur, graffeur, designer ou peintres.
Avec force détails et précisions, il choisit de présenter des personnages parfois menaçants ou parfois drôles dont la découpe nette permet d’admirer l’intérieur des viscères. Il s’inspire de l’esthétisme coloré et criard des dessins animés des années 80. Un style cartoon qui lui va bien. Il joue même avec des personnages tout droits sortis de l’enfance et les place dans des situations que plus d’un trouveraient choquantes ou angoissantes. Ainsi, des plans de découpes de Mickey, de Bob l’Eponge ou de La Petite Sirène, en formats géants, offrent aux spectateurs une vision sanguinolente et imaginaire des squelettes, des os, des organes, des nerfs et des veines. Même les tortues Ninja y passent ! Nychos bascule dans l’humour noir. « J’ai toujours voulu être un artiste comique, car j’aime rire de moi lorsque je dessine », indique-t-il. Mais ce qu’il aime par-dessus tout c’est peindre l’anatomie des prédateurs.
Des ours, des loups, des crocodiles, des rats, toujours en mouvements… Et aussi bien évidemment des hommes. Il laisse à penser qu’il pourrait être lui-même le prédateur de ses oeuvres, l’éviscérateur de ces corps humains ou animaux. D’ailleurs, son pseudonyme, l’artiste l’empreinte à deinonychus, un dinosaure carnivore dont le nom signifie « griffe terrible ». Nychos griffe ainsi les murs de son empreinte terrible et inquiétante. Un carnage visuel, qui sied à merveille aux amateurs de heavy-metal dont il utilise aussi les codes.
Aujourd’hui, l’artiste qui expose également en galerie, vit à Londres.
Découvrez les oeuvres de Nychos sur street-art-avenue
Sites officiels :
site : rabbiteyemovement.at
tumblr : nychos.tumblr.com
facebook : www.facebook.com/Deinonychos
instagram : @nychos
Bio rédigée par Violaine Pondard // street-art-avenue
Sources :
www.fatcap.org
www.blog.stripart.com
innerstategallery.com
www.juxtapoz.com