Né en 1984 dans le Sud-Finistère, à Quimperlé, petit-fils de paysan, il conserve ce goût pour la tradition manuelle. Ses inspirations artistiques le pousse à explorer sa pratique depuis l’extérieur vers l’intérieur, via son atelier niché au creux des bois près de Riec-sur-Belon. Présent aujourd’hui dans de nombreuses galeries, il convoque sur la toile l’urgence et l’immédiateté de la pratique du graffiti.
Après une éducation classique dans un collège catholique, Yann L’Outsider est en échec scolaire. Gaucher et dyslexique, il cumule les handicaps d’un parcours conventionnel. Il découvre alors les métiers du bois au lycée des métiers d’art à Auray, dans le Morbihan, qui le séduisent immédiatement. « J’aime cette matière, sa chaleur, son côté organique, son touché », confie-t-il. Yann se lance dans un CAP en ébénisterie qui lui enseigne aussi la rigueur du dessin technique. Il poursuit en BTS, puis est reçu à l’école Boulle à Paris, spécialisée dans le design et l’artisanat. Dans cette formation d’excellence, Yann apprend à maîtriser la restauration et la fabrication de meubles ainsi que l’ébénisterie de luxe.
En parallèle de ses études, il s’éprend pour un phénomène artistique subversif et émancipatoire : le graffiti. Cette pratique, il la découvre d’abord en Bretagne, surtout par le biais des tags qui jalonnent sa route vers l’internat et par les magazines, comme Radikal ou Graff’It. Avec quelques copains, ils se retrouvent pour poser leurs premiers tags dans des lieux désaffectés. Cet intérêt naissant pour le graffiti se transforme rapidement en obsession.
Lors d’une escapade à Brest en 2002, au cœur du port de commerce, Yann L’Outsider découvre la multitude d’expressions liées au graffiti et s’intéresse aux fresques 3D organiques. « Un style à la mode à l’époque où les lettres prennent du volume et s’entremêlent dans des formes souples », explique-t-il. « Leur réalisation demandait une grande dextérité quant au maniement de l’outil, ce qui me renvoyait à mes études ». Yann L’Outsider tisse sa toile au sein de ce mouvement et participe à la réalisation du livre Westbook en 2005, premier ouvrage consacré à la scène graffiti en Bretagne. A Paris, il intègre de nouveaux crews, s’attaque aux rames de métro et délaisse bientôt la technique au profit de ce qui constitue l’origine de ce mouvement : la lettre. Yann L’Outsider se lance dans le tracé direct. « Une pratique sans retouches, où le premier trait est le bon », note-t-il.
Dans cette quête de pureté et de perfection de la lettre, l’artiste est habité par une nouvelle gestuelle, comme une danse créatrice instinctive et urgente.
De retour en Bretagne après avoir fait ses gammes dans l’ébénisterie de luxe, il travaille au sein d’une menuiserie du pays de Lorient, dans le Morbihan, jusqu’à éprouver une certaine lassitude. Son métier ne lui permet pas de s’exprimer pleinement artistiquement. Si le graffiti continue de l’animer en parallèle, il y expérimente de nouvelles voies. Ce qui l’incite à se lancer en tant qu’artiste à temps plein au sein de son atelier qu’il installe dans la forêt de Riec-sur-Belon, dans le Finistère. Il puise désormais dans l’énergie créatrice du graffiti une source inépuisable d’inspiration, provoquant volontairement différents états de vulnérabilité de sa pratique pour laisser éclore sur la toile une œuvre dirigée par l’instinct.
Armé d’une bombe aérosol aux rendus plastiques riches et complexes, la Mad Maxxx principalement, Yann L’Outsider cherche à retrouver une alliance qui puisse combiner l’esthétique et les contraintes de temps qu’il s’impose. L’abstraction l’emporte sur la lisibilité du lettrage, offrant bientôt une cohérence esthétique et singulière où le noir et le blanc se répondent avec équilibre, tout comme le vide et le plein, le trait, l’aplat ou la vapeur. Sa quête de maîtrise laisse également de la place à l’imprévu. Son goût pour la peinture en extérieur lui sert désormais de laboratoire avant d’approfondir sa démarche en atelier.
Citant Pierre Soulages ou Harold Rosenberg, Yann L’Outsider poursuit son exploration de l’extérieur vers l’intérieur, cultivant cet inconfort qui fait naître la création. Désormais représenté en galeries et sollicité pour des projets artistiques et institutionnels aux quatre coins du globe, lauréat en 2019 de la mention spéciale Révélation Art Urbain du Palais de Tokyo et de l’ADAGP pour son travail singulier de la peinture, Yann L’Outsider s’affirme comme une signature montante de l’art contemporain. En 2023, il publie aux éditions Land’Artic le livre Variation(s), sa première monographie qui retrace les dix dernières années de ses investigations artistiques et de ses créations en noir et blanc, de l’extérieur et de l’intérieur.
Interview de Yann L’Outsider réalisée en 2023 par L’Atelier A, ARTE.TV
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Bio rédigée par Violaine Pondard // street-art-avenue
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