Dourone /// L’art prend Ecodis ! Saint-Nolff
« L’humain libre : D’abord il raisonne, ensuite il croit » (el humano libre, primero razona y luego cree). L’art prend l’entreprise avec cette nouvelle oeuvre de Dourone peinte dans les locaux d’Ecodis (Saint-Nolff, Morbihan) avec Street Art Avenue.
Toute histoire a un début. Celle de ce mur commence comme presque toujours, par une rencontre.
Il y a quelques mois, lorsque j’ouvre pour la première fois la porte de la société Ecodis à Saint Nolff, c’est pour proposer à l’une de ses dirigeants, Marie-Laurence, de rejoindre comme mécène notre toute jeune association « L’art prend la rue ! ». Jeune certes, mais avec déjà de nombreux projets dans les tuyaux comme la venue programmée de L7m pour peindre un mur du collège public Jules Simon (Vannes), et celle du Jam « Vannes et sa street » que nous organiserons quelques mois plus tard.
Présentation de l’association, de nos finalités, des projets… l’écoute de Marie-Laurence est sincère, bienveillante, presque amicale. Le projet de mécénat fait sens pour cette entreprise singulière (voir un peu plus loin).
Gagné ! Ecodis va nous accompagner dans nos projets, modestement dans un premier temps. Une idée est lâchée pendant l’échange : Et pourquoi ne pas faire rentrer l’art de rue dans Ecodis ? …elle fera son chemin.
C’est quelques mois plus tard, après finalement un soutien financier généreux aux projets précités, que l’histoire du mur de Dourone prend son origine. Éblouie par les murs de L7m et de ceux des 20 artistes de « Vannes et sa street », Didier, dirigeant d’Ecodis et son équipe de direction décident de faire entrer l’art dans leurs propres locaux. L’idée étant de peindre les façades intérieure et extérieure de leur bâtiment, soit environ 300 m2 au total.
Une équipe interne composée de salariés volontaires commence alors le travail direction artistique : Brief du projet, finalités souhaitées, choix des artistes… une sélection est faite parmi les 450 artistes référencés sur street art avenue… 2 sortent du lot : Dourone et …. (le mur se fera mi-octobre ; teasing pour un prochain billet).
Un brief est fourni à Élodie et Fabio (aka Dourone) par Ecodis. L’idée centrale est celle du respect ; Tous souhaitent à travers cette œuvre faire passer un message de respect et de bienveillance. Respect entre les hommes, respect de notre environnement, ainsi qu’une prise de conscience de notre impact sur la planète, de notre consommation, de notre place sur Terre et dans le monde plus largement… une invitation à une transition en quelque sorte.
Un seul sketch sera produit par le duo franco-espagnol. Leur proposition fait mouche au premier jet : rien ne sera changé, l’esquisse sera reproduite en l’état.
La force du projet prend corps dans sa réalisation. Élodie et Fabio peignent ce grand mur de 6 x 18 m pendant les heures de travail des employés qui officient autour d’eux dans un rythme soutenu. Ça ne chôme pas chez Ecodis !
Les rencontres sont multiples, organisées ou informelles. Des liens se tissent entre le duo d’artistes et les salariés. Chacun s’approprie l’œuvre qu’il voit grandir jour après jour, vit son avancement dans un rythme intense. L’œuvre n’appartient plus à Dourone, elle est la leur.
La fresque est harmonieuse et équilibrée. Elle représente la diversité ; flore, faune, mais surtout diversité humaine. Tous les acteurs sont de face. Les regards sont francs, tournés vers l’avenir.
Techniquement, l’oeuvre est divisée en plusieurs « morceaux » pour s’adapter à la configuration hétérogène du mur. Portes vitrées et ouvertures disparates, canalisation et fluides ; tous ont été pris en compte pour s’intégrer au mieux : les ouvertures donnent de la profondeur, les éléments techniques s’effacent dans l’œuvre.
Les jeux de proportions utilisés pour peindre les personnages donnent rythme et force à l’ensemble. A l’image du propre regard de Fabio, Il est impossible de passer devant ce mur sans être captivé par ses regards profonds. Comme ses portraits, quand Fabio vous regarde, il vous voit de l’intérieur.
Un portrait se distingue, celui d’une femme africaine peint séparément de la fresque principale. Cette femme symbolise à elle seule toute la finalité d’Ecodis, dont le projet ultime est celui du mécénat d’actions de développement social et environnemental en Afrique. Ce portrait peint au bout d’une impasse de l’entrepôt vous invite à vous rapprocher, à venir à lui.
Ecodis, un nouveau modèle économique.
Derrière cette initiative de faire entrer l’art dans l’entreprise, se dessine en réalité un projet beaucoup plus ambitieux, un projet de nouveau modèle d’entreprise qui a déjà pris corps dans une action extraordinaire de restructuration. Pour éviter d’être rachetée, et afin de protéger son modèle social, la société a cédé début 2017 son capital à un fonds de dotation. Une première en France.
Concrètement, voici 2 conséquences directes de cette opération :
1) Ecodis ne peut plus être vendue, ce qui affranchit ses actionnaires de toutes ambitions patrimoniales.
2) Les dividendes ne sont plus versés aux actionnaires, mais à une fondation. Là encore, plus de possibilité de remonter le fruit de travail de tous directement vers l’actionnaire.
Une rencontre inévitable.
Je vous passe les nombreuses connexions que Fabio et Élodie avaient indirectement et ont construites pendant la réalisation des œuvres avec les collaborateurs d’Ecodis, mais une chose est sûre, ceux-là étaient faits pour se rencontrer.
plus sur Dourone : dourone.com
plus sur Ecodis : www.ecodis.info
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