MGLO /// Dédale, Vannes
S’il a l’habitude de dessiner en extérieur, sur les ponts du périph parisien, sur les camions mais aussi les barricades en bois qui ont servi à protéger les banques et les commerces durant les manifestations des gilets jaunes et les grèves, le tout de manière sauvage et illégale, MGLO a pour la première fois accepté de s’enfermer en huis clos à Dédale pour dessiner.
Ses traits de pinceaux sont épais, comme dans une bande dessinée, avec des aplats simples et pas de dégradés. « La ligne est claire, il n’y a pas de chichis », reconnaît MGLO. Cette série de grosses têtes de personnages bizarres regarde le spectateur à l’intérieur d’un cube. « Etonnés, effrayés ou fatigués, ils portent sur nous une tension interrogative », remarque l’artiste. « Ce sont des Freaks », indique-t-il faisant référence aux personnages à la frontière de la réalité et de l’étrange issus du film d’horreur du même nom de 1932; « Ils ont tous un défaut esthétique qui nous questionne sur la notion de normalité. Ils ont le droit d’être accueillis, respectés, ils ont le droit à l’amour, de se sentir épousés avec leurs différences ».
MGLO refuse l’idée de tolérance et d’acceptation qui induisent forcément les sentiments d’arrogance et de mépris. « La différence fait partie de notre société. Ils ont beau avoir des bizarreries, ils ne sont pas effrayants. Ce ne sont pas des monstres. En revanche, eux sont effrayés par nous. « Reflets de nos folies singulières, ces personnages en deviennent attachants. Son leitmotiv est un mantra :« Dessiner rend gentil », conclue MGLO.
Peintre, dessinateur et tagueur, MGLO vit en banlieue sud de Paris. C’est là qu’il découvre la pratique du graffiti à l’adolescence via les traits de marqueurs sur les murs, le mobilier urbain et dans le bus. Autodidacte, MGLO se nourrit de la bande dessinée américaine de Chris Ware ou des mangas japonais de Takashi Fukutani et s’oriente vers l’illustration et le dessin. Chacune de ses séries reprend des codes graphiques et colorimétriques caractéristiques de son style. Sa vision caustique, acerbe et affûtée du monde qui l’entoure le pousse aujourd’hui à se tourner vers l’illustration et le roman graphique, pour continuer de raconter ses histoires.
Texte : Violaine Pondard
Photos : © Sébastien Le Gourriérec
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