Sismikazot /// « Ce qu’il en reste » – Dédale, Vannes

Par Alain , 8 février 2022

Sur le chemin des souvenirs les routes sont personnelles, mais la fin n’est pas synonyme d’oubli, car le passé ne meure jamais vraiment. Sismikazot nous rappelle que même si la mémoire vacille l’emprunte demeure. Nostalgie quand tu nous tiens …

 

À chaque nouveau projet, le processus de création choisi par ce duo implique les habitants par le biais d’un questionnaire autour de leur thématique. Leur ambition ? Raconter des histoires vraies et sincères afin d’emmener le public au cœur des souvenirs d’une époque. En s’immisçant ainsi dans l’intimité, Sismikazot cherche à raviver le sentiment de nostalgie. « Pour le recouvrement de Dédale Café, On nous a parlé de la mort d’un être cher, d’une rencontre amoureuse, des détails d’une première fois… », raconte Paul. Ces morceaux de vie constituent le socle commun de leur œuvre, dont ils ont écrit de nombreuses phrases brutes et non retouchées, à la volée, sur le plafond. Comme quarante années de pensées, d’émotions et de sensations qui défileraient au-dessus de nos têtes. D’autres phrases savamment choisies sont jetées dès l’entrée et en fond de salle.

Les peintures, reproductions figuratives qui tirent vers l’abstraction, composent le reste de l’espace. « Passer de l’hyperréalisme à l’abstraction donne la sensation d’un souvenir hyper intact qui s’efface avec le temps, ne laissant plus que la trace d’une idée et les contours d’un moment », explique Paul. La sélection de photographies participe à accueillir l’humanité qui se dégage de ces mémoires. Les traits de couleurs sont patinés. L’effet vieilli tire vers le sépia, évoquant visuellement le retour à une époque révolue. Les émotions remontent alors à la surface. Comme ce défaut de pellicule à droite du portrait d’un couple figé dans le passé. Capables de sublimer une plante morte par la force de leur peinture, Sismikazot recherchent dans leurs réalisations l’impact visuel et émotionnel. Le duo nous touche en plein cœur.

Rencontrés sur les bancs du collège dans le Lot, Paul et Rémi forment le duo Sismikazot depuis 2012. Ils peignent en format XXL des scènes de la vie quotidienne, des natures mortes, comme des instantanés capturés par un polaroïd, qui en appellent aux émotions. Si leur pratique de la peinture a puisé sa source dans le graffiti, fin des années 2000, ils s’émancipent des codes du genre pour n’en garder que le trait et y mêler abstraction, figuratif et typographie. Leur grande complicité renforce leur complémentarité. Au départ, Paul affectionne le lettrage déstructuré, tend vers un trait abstrait et lâché. Rémi peint des portraits et s’intéresse aux émotions des visages. Ensemble, ils mêlent leurs techniques, chacun complétant et enrichissant l’œuvre de l’autre et la faisant toujours évoluer. « Notre travail naît d’heures et d’heures de discussions et d’échanges. Les mots construisent l’image », indique Rémi.

Texte :  Violaine Pondard
Photos : © Sébastien Le Gourriérec

Plus sur les artistes :  facebook.com/sismikazot
et sur DéDalE : dedale.lartprendlarue.org/

 

 

---