Vilx /// « The Cat’s Pursuit » – Dédale, Vannes
Dessin très riche, scène animée, Vilx donne à voir ici toute l’étendue de son talent pour faire partager au visiteur une vraie expérience … Vivez cette pièce comme une immersion au cœur d’une bande dessinée.
Un chat vient de voler un poisson et se retrouve poursuivi… Suivez l’avancée de cette course-poursuite aux airs de Tex Avery. « Travaillant sur l’esprit BD, le dessin animé, j’ai imaginé illustrer une scénette où le visiteur serait au milieu de l’histoire », raconte Vilx. La poursuite est burlesque. Le mobilier renversé, les objets cassés… « Le trait est volontairement baveux, salissant, pour rappeler le rendu des bandes dessinés des années 30 que j’affectionne particulièrement. C’est aussi pour moi une manière de rappeler que je suis issu du graffiti, et que je ne tiens pas à aller vers l’ultra propre du graffiti déco », rappelle l’artiste. « Dans une pièce comme celle-ci, la difficulté a été de placer les différents éléments, dans l’espace, car il y a beaucoup d’obstacles. Angles, cadres de porte, radiateur, etc… autant de choses qui peuvent ‘’casser’’ un dessin », remarque-t-il, offrant du mouvement au cœur de la pièce elle-même.
« Pour la réalisation, je dessine à la craie un croquis sur le mur, je place toutes les couleurs, et tout à la fin je m’occupe des contours. Exactement comme pour la réalisation d’une BD, ou d’une illustration ». Virtuose, Vilx trace les contours précis de son dessin à la bombe. Sa résidence dans Dédale fut un vrai défi. « Si les grands murs vous impressionnent, pour moi les petites surfaces sont aussi de véritables casse-têtes, autant pour placer les formes que pour la réalisation au spray, où tout doit être encore plus minutieux », assure-t-il.
C’est dès la fin des années 90 que Vilx commence le graffiti à Angoulême, d’abord juste après l’école puis la passion prend le dessus, le forçant carrément à ne plus aller en cours. Attiré par le dessin, il commence à mélanger graffiti et personnage. Il déménage au Canada, peint alors exclusivement sur des trains de marchandises et développe son univers Hobo, fait d’histoires ferroviaires et d’exil de vagabonds. Inspiré par la bande dessinée des années 30 et celle des années 70, en particulier les auteurs Cliff Sterrett ou Robert Crumb, Vilx mélange des univers enfantins où fourmille une quantité de détails. Ses thématiques sont parfois sociales, en jouant par exemple sur des contrastes de pauvreté et d’exclusion qu’il met en scène sur les riches ornementations du patrimoine. Caricaturant les objets, Vilx raconte des histoires complexes, pointues et torturées.
Texte : Violaine Pondard
Photos : © Sébastien Le Gourriérec
Plus sur l’artiste : instagram.com/badvilx/
& sur DéDalE : dedale.lartprendlarue.org/