Bordalo II /// « Half Tatu », São Paulo, Brésil
Activiste écolo -catégorie artiste, Bordalo égrène au fil de ses œuvres la longue liste des animaux menacés, tout en recyclant ce qui les tue.
Mettant en pratique cette maxime qu’il a fait sienne selon laquelle « le déchet d’un homme est le trésor d’un autre », Bordalo s’est imposé comme le roi du recyclage … artistique !
De chaque objet ramassé, chaque déchet récupéré dans les rues, les décharges ou au hasard de ses balades l’artiste portugais redonne « vie » aux animaux en voie de disparition en réutilisant ce qui leur nuit, le plastique en particulier. Coupant, pliant, assemblant différents morceaux de diverses matières et tout ce qui lui tombe sous la main, il donne forme a des sculptures d’un grand réalisme.
Le message est clair, il s’agit de représenter la faune par ce qui la tue : la pollution et la surconsommation. Et les animaux ne sont que l’image de la Nature elle-même, des victimes de ce que l’Homme fait subir à leur environnement, comme au sien.
Car, si aujourd’hui « chaque animal est en danger, même nous, les humains sommes en voie de disparition à cause de nous-mêmes » ajoute l’artiste.
Le tatou, représenté ici, est un mammifère à carapace aux nombreuses espèces -dont la taille peut varier de 15 cm à 1 m pour un poids de 100 gr à 55 kg- qui vit en Amérique du Sud et Centrale. Animal fouisseur nocturne et solitaire, le tatou est classé « espèce vulnérable », et même en « danger critique d’extinction » au Brésil.
S’il est menacé de disparition ce n’est pas faute de déployer des stratégies originales pour sa reproduction, comme celle de s’accoupler en courant –le mâle étant par ailleurs doté du plus gros organe sexuel du règne animal (en rapport à sa taille)- ou encore celle de l’implantation différée, l’ovule fécondée pouvant attendre plusieurs mois avant de se fixer sur la paroi utérine …
Le tatou de Bordalo, comme souvent les animaux qu’il croque, s’affiche sous une apparence double, moitié « nature » – moitié « recyclée », comme un avant/après, pour acter déjà ce qu’il était et ce qu’il n’est bientôt plus… L’oeuvre exposant l’animal niché sous un viaduc urbain inhospitalier ajoute encore symboliquement aux menaces qui pèsent sur lui ainsi qu’à la fragilité de cet animal discret et assez méconnu qui ne veut de mal à personne…
Texte : Alain
Photos : © Marcia Marton
Plus sur l’artiste : instagram.com/b0rdalo_ii