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Pionnier de l’art urbain, Blek Le Rat est le pseudonyme de Xavier Prou. Né en 1951 à Boulogne-Billancourt, d’une mère chinoise, d’un père français et d’une grand-mère paternelle juive, Xavier Prou grandit avec le tiraillement de ces différences culturelles.
Enfant, Xavier Prou n’est pas très bon élève. Né après la Seconde Guerre Mondiale, il vit dans « une France pauvre où il ne se passe pas grand-chose », selon lui.
Alors qu’il se tourne vers des études d’art et d’architecture à Paris, il entreprend un voyage à New-York en 1971. C’est l’époque hippy, où l’on écoute Bob Dylan et les Rolling Stones. Il rêve d’ailleurs d’être une pop star. Lors de ce voyage, il découvre l’univers du graffiti, encore mal interprété par ses contemporains qui y voient simplement une dégradation des lieux publics. Mais lui, entrevoit déjà cet art comme une nouvelle forme d’expression. « C’est une prise de parole par l’image », remarque-t-il. Pour lui, le street art est devenu une forme de poésie. « Les villes fleurissent d’intention poétiques, animées par les couleurs de nos bombes aérosols », dit-il.
Entré aux Beaux-Arts de Paris en 1972, il décroche son diplôme d’arts plastiques en 1976, avec une spécialisation en sculpture. Puis il entreprend des études d’architecture l’année suivante à La Villette. Il découvre, lors d’une exposition à Paris, le travail du peintre et photographe anglais David Hockney, figure du mouvement pop-art des années 60. Une scène du film « The Bigger Splash » où l’on voit un homme peindre un visage sur le mur d’un appartement, restera particulièrement gravé dans sa mémoire.
L’art de rue qu’il a découvert à New-York mûrit pendant dix ans en lui avant qu’il n’ose prendre une bombe et peindre les murs. En 1981, il commence à peindre au sein d’un collectif Blek, qu’il forme avec un copain. Leur pseudonyme fait référence à un personnage de bande dessinée italienne, Blek Le Rock.
Le collectif fabrique des pochoirs le jour et graffitent la nuit. Dans la nuit du 31 décembre 1982 au 1er janvier 1983, ils taguent des dizaines de rats et de tanks autour du Centre Pompidou. Quand les gardiens viennent leur demander ce qu’ils font, ils répondent : « de l’art »! Un an plus tard, Blek Le Rat poursuit son épopée artistique anonyme tout seul et naît alors une certaine reconnaissance. Pour lui c’est le début de la notoriété. « J’ai pris la photo d’un vieil Irlandais dans Libé et l’ai peint dans plusieurs villes de France au pochoir. L’impact a pris une dimension à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Je retrouvais mon pochoir dans différents journaux pour traiter des sujets qui n’avaient parfois rien à voir avec le graffiti… », raconte-t-il. Cet homme en noir deviendra la marque de fabrique de Blek Le Rat.
Pour autant, Blek Le Rat vit dans la peur de se faire arrêter. Une peur qui provoque chez lui un élan de créativité contre lequel il ne peut pas lutter. Il se fait pourtant interpeller une première fois aux Halles et une seconde fois en 1991, il comparaît au tribunal. Par chance, il réussit toujours à séduire les policiers ou juges, amateurs de bandes dessinés, qui trouvent son travail trop beau pour être puni. Pour éviter d’être arrêté de nouveau, il décide alors de peindre ses pochoirs sur des affiches qu’il colle aux murs.
Tom Waits, un petit garçon en culotte courte, Andy Warhol, la femme et l’enfant, le militaire russe, Mitterrand, une femme en porte-jartelle peinte à l’entrée de la maison de Serge Gainsbourg… Ses pochoirs deviennent célèbres dans le monde entier. Il peint Lady Di à Londres, une figure de Jules-Edouard Moustic sur un château en France, Florence Aubenas dans Paris au moment de sa détention en Irak, des moutons, des vaches, un mandiant… De Paris à New-York, en passant par Londres, Berlin, Florence, Sans Francisco, Miami ou Los Angeles : Blek Le Rat laisse sa patte sur les murs des plus grandes villes du monde, laissant le soin aux spectateurs de se faire leur propre interprétation. Son travail inspire de nombreux artistes de la scène urbaine, comme Banksy chez qui l’on décèle des pochoirs très semblables.
Aujourd’hui le parrain du pochoir, le père du street art français vit à la campagne dans le Sud de la France, près du château de Sybille. Il expose dans des galeries et continue de porter un regard sur l’art de rue, à l’opposé des clichés : « Je ne prends pas de drogue, je ne bois pas de vin, ni d’alcool. Je suis juste un mec normal qui fait de l’art dans les rues »…
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Sites officiels :
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Bio rédigée par Violaine Pondard // street-art-avenue
Sources :
blekmyvibe.free.fr
www.fecalface.com
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