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Designer graphique en freelance, Tyrone Wright, alias Rone, vit à Melbourne où il peint le plus souvent. D’ailleurs son travail est aujourd’hui une part immanquable du paysage de Melbourne. Né en 1980, l’Australien Rone grandit à Geelong, dans l’état de Victoria à 75 km de Melbourne. Il déménage dans la mégalopole en 2002 et s’initie au skateboard. C’est là qu’il découvre l’univers du graffiti. Il commence à dessiner les motifs des skateboards et recouvrir les skatepark de pochoirs liés à l’univers du skate avant d’étaler son talent sur les murs de la ville. « J’ai toujours eu un respect pour les graffitis », raconte-t-il. « Il y a quelque chose qui fait écho en moi, je pense que c’est le risque de mettre quelque chose en place qui sera jugé par un si grand nombre d’observateurs. A chaque fois, je prends le risque que quelqu’un déteste et repeigne par-dessus, mais je prends aussi le risque d’être salué par quelqu’un qui aime et que je ne rencontrerai jamais. »
Il étudie durant deux ans à l’Université avant d’entrer en cursus technologique et design au RMIT d’Australie. « J’ai quitté les études aussitôt que j’ai trouvé un job », raconte-t-il. « J’ai travaillé durant cinq ans dans l’industrie du skateboard, ce qui m’a permis de financer mes oeuvres de street art que j’avais le temps de réaliser le week-end ».
Jeune artiste encore en quête de reconnaissance, il s’inspire de Ha-Ha, Sync et Deluxe, artistes australiens qu’il côtoie au Studio Blender à Melbourne. « Nous n’étions pas vraiment aimé des autres artistes dans ce studio car nous peignions avec des sprays et des aérosols alors qu’eux étaient plutôt des sculpteurs et spécialisés dans les beaux-arts. Nous étions un peu comme des hooligans à leurs yeux », s’amuse-t-il. A cette époque, il peint encore les murs la nuit. Jusqu’à ce qu’il se fasse arrêter en 2003 pour exposition illégale dans un bâtiment désaffecté. Heureusement, il n’y a pas eu de poursuites judiciaires. Depuis, Rone a le luxe de ne pas avoir besoin de sortir la nuit pour peindre. On l’appelle pour réaliser des murs !
Aujourd’hui ses portraits gigantesques de femmes au trait hyper réaliste sont façonnés au pinceau télescopique et à main levée. Rone peut passer jusqu’à 12 heures par jour, plusieurs jours de suite pour réaliser une oeuvre monumentale. Il garde sur lui les photos de femmes qui l’inspirent et parfois même de copines. Ensuite, il les met en scène sur des murs de grandes dimensions, en pleine ville. Pochoir, sérigraphie, collage et peinture se mélangent pour des rendus à la fois glamour et sensibles. Des femmes aux regards perçants éclaboussent de beauté les recoins d’une aire urbaine ou d’un quartier.
Ses oeuvres sont reconnaissables entre mille. Il le dit lui même : « Même sans ma signature, les gens reconnaissent mon travail, et ça j’adore ! » Loin de vouloir délivrer un message politique, ce que cherche Rone plus que tout c’est de faire naître l’émotion. De soulever le coeur et les trippes des passants. « Si vous commencez à trop réfléchir à ce que vous faîtes, ça devient un problème », dit-il. « Je peins parce que j’aime ça et parce que ça met de la vie dans la rue ». Rone sait que les gens confondent souvent graffiti et vandalisme. Deux mondes complètement différents. « Dans le graffiti, on peut voir des monstres crier ou des filles sexy, mais le graffiti c’est aussi la beauté calme. Et là, cela peut être réellement doux et différent de la rue. Le street art stoppe le bruit en un sens. Les filles que je peinds… J’adore leur façon de nous regarder dans la rue ! ».
En mouvement constant, Rone est toujours en recherche de nouveaux projets, d’un nouveau mur à peindre. Il profite souvent de ses vacances pour emporter avec lui quelques pinceaux. C’est comme ça qu’il repeint un bâtiment gris d’un village sur l’île de Vanuatu dans le Pacifique, en rendant hommage également aux femmes locales. Sa casquette vissée sur la tête, il cherche le bon angle, la bonne approche et la bonne teinte. En quelques mois, il a ainsi laissé son empreinte à Berlin, Londres, New-York, San Francisco, Miami, Mexico, Los Angeles, Hong-Kong et même Vannes ! Et si son oeuvre ne lui plaît pas, Rone est prêt à peindre par dessus. « Je n’ai pas d’autre choix que de réussir », indique-t-il, perfectionniste. « C’est dur d’expliquer cette pression, mais je dois réussir à faire que les filles soient belles. »
Découvrez les oeuvres de RONE sur street-art-avenue
Sites officiels :
site web : r-o-n-e.com
vimeo : vimeo.com/everfreshstudio
instagram : instagram.com/r_o_n_e
Bio rédigée par Violaine Pondard // street-art-avenue
Sources :
www.acclaimmag.com
en.wikipedia.org
www.abc.net.au
www.heraldsun.com.au