Festival Loures Arte Pública, Quinta do Mocho – Loures, Lisbonne
L’art contre l’exclusion sociale ? C’est le pari lancé par la municipalité de Loures, près de Lisbonne, pour tenter de réhabiliter un quartier démuni et malfamé. Si rien n’est encore gagné de ce côté, les street-artistes ont déjà répondu présent
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On ne visite pas Quinta do Mocho par hasard… ce quartier de la banlieue nord de Lisbonne, coincé entre l’aéroport et les établissements industriels, qui n’a vraiment rien de « touristique ».
Composé de multiples bâtiments uniformes, bas et tristes, le lotissement accueille depuis une vingtaine d’années les immigrants des ex-colonies portugaises d’Afrique, qui ont accosté ici. Ils sont-3500 habitants aujourd’hui.
En déambulant dans la cité, la pauvreté et l’ennui sont palpables, les abords des bâtiments sont nus ou encombrés de déchets divers. Des hommes sans domicile ont trouvé quelques recoins accueillants. Un bidonville jouxte le lotissement… Seuls les palmiers semblent se plaire et tutoient fièrement le haut des façades de trois étages.
Il y a quelques années seulement Quinta do Mocho n’était connu que pour la délinquance et ses rivalités de gangs. Pour tout dire un quartier infréquentable.
Mais en 2014 les autorités mettent sur pied le festival d’arts plastiques O bairro i o moundo (Le quartier et le monde) pour attirer l’attention sur ce quartier démuni, changer son image et faire tomber les préjugés. Parmi d’autres disciplines artistiques, le street art mobilise aussitôt de nombreux artistes et ce beau succès est un encouragement pour poursuivre l’opération en 2015.
En juin 2016 c’est alors le festival Loures Public Art qui prend la relève à l’initiative de la Galeria de Arte Publica do Mocho (Loures) et donne un réel écho international à ce projet.
A ce jour, ce ne sont pas moins d’une centaine d’artistes locaux et internationaux (originaires de 11 pays) qui ont laissé leur empreinte sur les murs de Quinta do Mocho. Sur les larges avenues désertes, comme à chaque coin de ruelle ou dans les cours les murs s’égaient un à un et surprennent le visiteur.
Outre Hopare, Stew, Eva Bracamontès ou Colectivo Licuado (présentés par ailleurs sur SAA), figurent ici quelques oeuvres tout aussi remarquables… Mais le choix est difficile tant l’offre est riche parmi la centaine de peintures plus ou moins monumentales que compte maintenant la cité…
Un lieu à voir absolument, si vous avez l’occasion d’aller à Lisbonne !
Et le projet social dans tout ça ?
Bien sûr on n’attend pas que les peintures murales changent fondamentalement la vie quotidienne des habitants. Mais, déjà, le regard extérieur sur le quartier s’est modifié ; tout comme celui de ses propres habitants sur leur cadre de vie. Les comportements évoluent et Quinta do Mocho n’est plus le ghetto impénétrable qu’il était encore récemment. Le street art a même permis une petite activité économique (visites, guides, petits commerces) et quelques aménagements publics ont suivi (skate park, terrain de sport). Le prochain festival est déjà programmé en juin 2017.
Certes il faudra plus que des fresques pour sortir la population de l’exclusion sociale, mais – peut-être – le plus difficile est-il de faire naître le mouvement, de donner l’étincelle… Après, tout (ou presque) reste encore permis.
A Loures, l’aventure artistique et sociale continue !
Texte & photos : Alain
Plus sur le festival : www.facebook.com/Louresartepublica
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