RCF1 /// « Le Seuil, la Pureté, l’Esprit » – Dédale, Vannes

Par Alain , 12 décembre 2021

Pénétrant dans Dédale comme dans un hangar désaffecté, RCF1 appréhende l’espace et peint spontanément ses picto-graffiti sur les murs du bâtiment où il renouvelle l’expérience de son passage au 1^er étage en 2018.

 

Des fantômes bienveillants, interprétations de ponctuations émanant d’un travail de la lettre, la base du graffiti. Avec ce point d’exclamation, RCF1 insiste sur l’importance de l’instant présent. Il joue avec les couloirs, les portes et les accès, afin que son gimmick se révèle dans son contexte. « Ce sont des throw-up de graffiti, des visages d’entités astrales extra dimensionnelles qui apparaissent et disparaissent », raconte-t-il.

Chaque fantôme est unique, il prend vie et se multiplie au fil des murs. Fragiles, éphémères, ils sont d’ordinaire effacés par le temps ou les services de la ville. « Ils sont subtils comme des rêves dont on cherche à se rappeler. Ceux-là sont venus à moi », indique l’artiste qui a improvisé à coups de bombe. « C’est le lieu qui décide de ce que je vais créer ». Comme dans la rue, RCF1 reprend les codes du mouvement : répétition de son picto, chrome, dédicaces et P2B, nom du célèbre crew qu’il a fondé. « C’est touchant de voir son nom quelque part où tu n’as jamais mis les pieds. L’esprit collectif, l’esprit de bande, c’est ça l’essence même du graffiti », observe-t-il. Même son nom complet apparaît, Rudie Can’t Fail, titre d’une chanson des Clash dont l’artiste a repris le sigle. Adepte de la spiritualité, RCF1 s’est vu proposé une trinité dans ses rêves : le Seuil, la Pureté et l’Esprit. « Trois étoiles, Alderaban, Deneb et Vega ont influencé mon travail pour la réalisation de cette pièce », conclut-il.

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Pionnier du graffiti en France, Jean Moderne alias RCF1, interrompt ses études d’histoire de l’art pour se consacrer au graffiti new-yorkais dès les années 80. Il graffe alors les trains, les voies ferrées et les camions des primeurs. Nourri par une culture rock, il devient journaliste, interviewe de grandes signatures du genre (Dondi, Phase II ou Zephyr), et développe dans les années 90 ce qui sera sa marque de fabrique, son picto-graffiti : un point d’exclamation en forme de fantôme. Plasticien, photographe et DJ Soul, son travail d’artiste urbain s’inscrit dans la première expo Street Art en 2000 à Paris aux côtés de Honet, André, Space Invaders ou Zevs. En 2009, il expose à la Fondation Cartier et deux ans plus tard il se hisse au rang des plasticiens représentants la France à l’étranger aux côtés de Jonone ou Speedy Graphito.

Texte :  Violaine Pondard
Photos  : © Sébastien Le Gourriérec

Plus sur l’artiste :  instagram.com/jeanmoderne/
et sur DéDalE : dedale.lartprendlarue.org/

 

 

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