Balade colorée à Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, France
La scène street art bien vivante à Pointe-à-Pitre n’est pas étrangère au charme de la cité caribéenne, ainsi qu’à son attrait touristique. Même s’il est peu mis en valeur par les pouvoirs publics, le street art s’est imposé comme une composante majeure de la culture locale.
Le centre historique de Lapwent (Pointe-à-Pitre en créole) a conservé son cachet de ville coloniale, avec son architecture en damier, ses façades pittoresques de style colonial, ses cases à balcon souvent en mauvais état, mais la période récente y a ajouté des constructions modernes donnant à l’ensemble un aspect assez hétéroclite ! Ajoutant aux couleurs et saveurs typiques des Antilles, le street art s’est invité un peu partout dans les vieux quartiers du centre-ville, enjolivant les bâtisses décrépies qui menacent ruine, occupant les dents creuses d’un immobilier parfois à l’abandon.
Les graffeurs les plus renommés de l’île (comme Pacman, Steekoner ou Skem) sont très actifs dans le centre-ville où ils ont redonné aux ruelles, murs et recoins oubliés un peu de vie et un vrai attrait touristique.
Un peu excentré, plus à l’est de la place Sainte Victoire, la quartier de la Darse où la pauvreté est perceptible et les constructions s’en ressentent et de nombreuses maisons plus ou moins à l’abandon offrent un beau terrain de jeu pour les graffeurs, comme en témoignent les œuvres réalisées en 2021/2022 pour le World Kreyol Art festival et toujours visibles. Ces rues en direction du magnifique musée Mémorial ACTe jouissent d’une exposition intéressante et plusieurs peintures offrent à ces cases décrépies une dernière beauté … avant effondrement ?
Autre point d’intérêt pour le street art à Point-à-Pitre, le Centre des Arts et de la Culture (CAC), vaste projet de centre culturel devenu au fil des ans un squat d’artistes locaux. Véritable temple de la culture, le CAC existe depuis 1978 et durant longtemps, il a reçu les plus grands artistes guadeloupéens, et même caribéens, et accueilli de nombreux événements comme le Festival international des Cultures urbaines.
En chantier pour rénovation à l’arrêt depuis 15 ans, cette immense bâtisse située en centre-ville est occupée depuis 2021, de façon pacifique, par le Kolektif Awtis Rezistans (collectif artistes en résistance) qui regroupe une centaine d’artistes de toutes disciplines: des graffeurs bien sûr, mais aussi des amoureux du slam, des plasticiens, des musiciens, des comédiens, des poètes, des sculpteurs, des danseurs, des chanteurs etc.
Mettant en exergue l’absence de politique culturelle et de concertation avec les acteurs culturels Guadeloupéens, leur volonté affichée est de promouvoir réellement la culture dans l’île, au-delà de son volet événementiel, et aussi pour toutes les générations. Par manque de financements (et/ou de volonté politique), et suite à une gestion catastrophique des travaux, la rénovation est à l’arrêt … sine die. Les graffeurs se sont emparés des façades et des abords de ce tiers lieu artistique pour attirer l’attention des passants et faire valoir leur cause.
Affaire à suivre …
Texte & photos : Alain
Plus sur le CAC : @kolektifawtisrezistans
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