Colectivo Dexpierte /// « Ser y Siembra » – Popayán, Cauca, Colombie
Si le muralisme mexicain et -à sa suite- les artistes latino-américains ont fortement marqué l’histoire mondiale de l’art urbain au début du XXème siècle, l’affirmation d’un art social, politique et esthétique survit dans les pratiques actuelles.
Depuis une décennie, le Collectif Dexpierte –composé au départ d’étudiants en sociologie, utilise l’art et l’expression graphique pour soulever des discussions dans l’espace public, sur les conflits armés, la résistance et les droits de l’homme en Colombie.
Dans son travail qui combine la mémoire, l’art et la dénonciation, le collectif aborde souvent la question de l’oubli qui a gagné la société colombienne à propos de situations sociales liées aux conflits et à la violence structurelle et quotidienne observée dans le pays.
Au travers de leurs interventions c’est le rapport à l’identité collective, à la vie et à l’existence elles-mêmes en tant que peuple que ces artistes questionnent. Les graffitis et représentations de disparus (militants, journalistes, opposants politiques…) sont autant d’hommages à ceux qui ont laissé leur vie, comme une expérience narrative de la mémoire du conflit armé. Et la volonté de garder cette question dans le débat public, comme le refus de l’amnésie générale.
La pratique artistique du collectif est basée sur l’utilisation d’affiches, de peintures, de pochoirs ou d’art vidéo ; toute performance et autres types de langage graphique et esthétique visant à susciter l’attention, l’interrogation et la réflexion de ceux qui se sentent concernés.
Ici, l’oeuvre intitulée « Ser y Siembra » [Etre et Semer] met en valeur la défense de leurs terres et de leur territoire par les communautés indigènes, opposées à la destruction des forêts qu’impose la violence des entreprises capitalistes. Largement pratiquée par le Collectif la technique du pochoir en mono-layer adoptée par ces artistes a quelque chose de particulièrement pittoresque et donne tout son poids au message ancré dans le terroir.
Texte : Alain
Photos : Colectivo Dexpierte
Plus sur les artistes : instagram.com/dexpierte_colectivo