Dolor 87 x Japu /// Les cris silencieux de Bogotá, Colombie

Par Alain , 28 novembre 2024

La Colombie compte toujours nombre d’artistes comme Dolor et Japu, restés fidèles à la vision qu’ils se font d’un art urbain ancré dans la réalité du territoire et de l’époque où ils vivent : une vraie tradition locale.

 

Aux quartiers branchés ou gentrifiés Dolor et Japu préférent les coins désolés des zones fréquentées uniquement par ceux qui habitent et vivent dans ces rues. « Nous serons toujours -disent-ils- les amoureux les plus reconnaissants des murs dont les spectateurs seront toujours les mêmes ». Ca a le mérite d’être clair !

Chacun dans son style, Dolor et Japu cultivent dans leurs œuvres l’esprit revendicatif, des messages à caractère social et les thèmes de société (pouvoir, guérilla, politique, narcotrafic..) ne manquent pas en Colombie: des peintures murales comme des cris silencieux.

A l’image de cette fresque qui dans sa simplicité en impose par son côté sombre, son graphisme dépouillé magnifiant la posture fière des deux jeunes garçons, d’un réalisme poignant. La réalité de leur vie ils la portent sur eux, dans leur regard … Dans un univers sombre (comme l’arrière-plan) ces gamins des rues gardent le regard lumineux, mais un regard de défi, emprunt de gravité et surtout déterminé, portant l’espoir et la volonté farouche de vivre. Interpellant aussi les adultes sur le sort qui leur est réservé.

En cela les deux artistes perpétuent la veine sociale et politique initiée par l’école du muralisme mexicain en Amérique du Sud au début du XXème siècle, continuant de dénoncer l’art réservé aux musées et aux élites et de promouvoir un art libre et accessible à tous, un art du peuple pour le peuple, et une réappropriation de l’espace public C’est ce qui donne à Bogotá ce visage unique d’une immense fresque politico-sociale.

Mais il ne s’agit nullement d’une mode car cela ne date pas d’aujourd‘hui: déjà dans les années 1980, après un premier accord de paix avec les FARC, la guérilla colombienne, le président de l’époque, Belisario Betancur, invitait la population à « peindre la paix” dans les rues.
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Texte  :  Alain 
Photos :© Dolor 87 & Japu 811

Plus sur les artistes :  instagram.com/japu811   //   instagram.com/dolor.87

 

 

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